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  • Photo du rédacteurMuriel Maffre

DANSONS ENCORE …ET EN CORPS

Par Gérard Duthu, Sophie Marsaudon, Marie-Noëlle Philipp et Brigitte Roger


Ce blog est un montage de textes écrits en Juin 2023 par quatre élèves qui suivent nos ateliers danse-avec-Parkinson/Bordeaux sur leurs ressentis d’expérience. Leurs mots ont été assemblés en un seul témoignage, édité en écriture inclusive, qui se veut respectueux de la privacité des auteurs et évocateur de leur expérience.



Samedi de janvier pluvieux : lecture du journal Sud-Ouest. Un article attire mon regard : découverte Atelier Danse Parkinson cet après-midi au Conservatoire de Bordeaux. Je ne peux pas y aller aujourd’hui mais me promets de me renseigner. J’ai été diagnostiqué.e syndromes parkinsoniens il y a un peu plus de deux ans. S’en est suivi un an de congé longue maladie, un mi-temps thérapeutique, un traitement à base de dopamine non sans effets secondaires et surtout, une nécessité de rester actif.ve : marche, balnéothérapie, yoga et pourquoi pas, danse.


La maladie est comme un.e fiancé.e. Mais un.e fiancé.e qui te suit tout le temps même si tu ne veux plus de lui.d’elle. Et il.elle est sournois.e.


J’ai toujours aimé la danse. Ma sœur a été professeure de danse contemporaine à Bordeaux. Je ne manquais aucun de ses spectacles de fin d’année. En boîte de nuit, je préférais les pistes de danse et les boules à facettes que le bar et les bouteilles de whisky. J’aime les films de Cédric Klapisch et de Wim Wenders et suis un fan de ballets classiques et contemporains. Alors, je me suis dit : pourquoi ne pas joindre l’utile (lutter contre le mal) à l’agréable ? Et je ne le regrette pas.


L'atelier danse-avec-Parkinson commence toujours par des regards échangés, par la joie de se retrouver là pour un moment de bien-être et d'expression corporelle. Les situations et images ne manquent pas pour nous guider dans nos évolutions. Une corde pincée par nos doigts hésitants. Les mains qui s'élèvent vers le ciel pour dégager les nuages et faire apparaître le soleil. Les bras qui se balancent dans la brise. La tête qui se penche pour chercher à voir loin, toujours plus loin. Du bout des doigts, faire virevolter des bulles de savon… En donnant du sens au geste, le bien-être est décuplé et nous éloigne du carcan de la maladie.


Enfin, les enchaînements se mettent en place, en rythme, sur un accompagnement musical en direct qui nous soutient. Oubliée l'alpha-synucléine asphyxiante. Les billes de dopamine refont surface et dansent. Nos corps se délient et s'étirent. Ils occupent l'espace et explorent l'environnement. Nos gestes se font plus amples et expriment de multiples sensations. Nous acceptons de nous évader et de lâcher prise.


Danser est une bulle dans l’espace temps où je me concentre sur le mouvement, le corps et l’esprit, guidé.e par Muriel, entraîné.e par le groupe et rythmé.e par la musique. C’est toute une alchimie qui nous plonge dans l'essentiel : nous sommes toujours en vie. Des liens se tissent entre nous et nous aident à partager ces expériences. Dans ce groupe bienveillant, tremblements raideurs lenteurs et autres symptômes deviennent normaux, jusqu'à s'intégrer dans la chorégraphie. Mon corps si souvent mis en difficulté peut enfin s’exprimer, en toute sincérité. Mes émotions refoulées, indicibles peuvent enfin sortir.


Le temps passe vite, trop vite et c'est déjà le moment de quitter cette bulle de sérénité. J'en sors plus calme, réconcilié.e avec ce corps malade, réconcilié.e avec la vie.

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